Quarante et un

Elle se réveilla avant lui. La première nausée du matin passée, elle fit les bagages puis descendit dans la cuisine. Tout était propre et tranquille. Aucune trace des événements de la veille. La piscine scintillait de mille feux et le soleil réfléchissait une lumière douce sur les meubles en osier.

Elle examina le comptoir et le sol. Rien. Pleine de révulsion et de colère, elle prépara rapidement du café, pour quitter le plus vite possible cet endroit, et le monta à Michael.

Il ouvrait les yeux.

— Si nous partions maintenant ? suggéra-t-elle.

— Je pensais partir cet après-midi, dit-il, tout ensommeillé. Mais on peut y aller maintenant si tu préfères.

Toujours aussi prévenant, son héros ! Il l’embrassa tendrement sur la joue. Sa barbe naissante piquait délicieusement.

— Comment te sens-tu ? poursuivit-il.

— Ça va bien maintenant. (Elle toucha du doigt le petit crucifix en or emmêlé dans la sombre toison de la poitrine de son mari.) J’ai eu une demi-heure pénible ce matin. Ça va sûrement me reprendre. Je n’aurai qu’à dormir dans ces moments-là. J’adorerais arriver à Destin à temps pour marcher sur la plage sous le soleil.

— Tu devrais peut-être consulter un médecin avant notre départ ?

— Je suis médecin, dit-elle en souriant. Et tu te rappelles ce sens spécial que j’ai ? Je sens que tout va pour le mieux là-dedans, dit-elle en plaquant sa main contre son ventre.

— Est-ce que ton sens spécial te dit si c’est une fille ou un garçon ?

Elle se mit à rire.

— Je préfère que ce soit une surprise, répondit-elle.

— Rowan, tu es… contente pour le bébé ?

— Bien sûr, Michael ! Je suis vraiment très heureuse. C’est juste à cause des nausées… Écoute, on ne va pas l’annoncer tout de suite aux autres. Nous attendrons notre retour de Floride. Sinon, notre lune de miel serait gâchée.

— Accordé !

Il plaça sa main chaude sur le ventre de Rowan.

— Il va falloir attendre encore un peu avant que tu le sentes, n’est-ce pas ? demanda-t-il.

— Il doit faire moins d’un demi-centimètre de long et peser moins de trente grammes, tu sais. Mais je le sens quand même. Il barbote dans un état de béatitude complet.

Michael poussa un profond soupir de satisfaction.

— Comment allons-nous l’appeler ? demanda-t-il.

— Qu’est-ce que tu dirais de Chris ? Ce ne serait pas trop… pénible pour toi, comme souvenir ?

— Oh non ! c’est merveilleux. Ce sera Christopher pour un garçon et Christine pour une fille. Quel âge aura-t-il à Noël ?

— Eh bien, il a maintenant dans les six ou sept semaines. Huit peut-être. Donc, j’en serai à peu près à quatre mois de grossesse à Noël. Il sera entièrement constitué mais ses yeux seront encore fermés. Pourquoi cette question ? Tu hésites entre un camion de pompiers et une batte de base-ball ?

Michael gloussa de rire.

— Pas du tout ! Je me disais seulement que c’est le plus beau cadeau de Noël dont je pouvais rêver. Noël a toujours été une fête très importante pour moi. Ce sera le plus beau de ma vie, à part celui de l’année d’après, quand notre fille se promènera partout en tapant sur son camion de pompiers avec sa balte de base-ball.

Il avait l’air si vulnérable, innocent et confiant. Elle lui planta un baiser sur les lèvres, passa dans la salle de bains et ferma les yeux en s’adossant à la porte fermée à clé.

— Espèce de démon, murmura-t-elle. Tu as tout calculé, n’est-ce pas ? Tu apprécies ma haine ? C’était ça que tu voulais ?

Puis elle se rappela le visage dans la cuisine sombre, et la voix douce comme une caresse : « Je ne désire rien de plus au monde que de contenter ma Rowan. »

 

 

Ils prirent la route vers 10 heures. Michael conduisait et Rowan dormait. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, ils étaient déjà en Floride. Ils traversaient la forêt de pins séparant l’autoroute de la petite route côtière. Rowan avait l’esprit clair et reposé, et lorsqu’elle aperçut le Golfe, elle se sentit en sécurité, comme si la cuisine sombre de La Nouvelle-Orléans et l’apparition n’avaient jamais existé.

Le temps était frais, mais pas plus que par n’importe quelle journée d’été du nord de la Californie. Ils enfilèrent leurs gros pulls et firent une promenade sur la plage déserte. A la tombée du jour, ils dînèrent près du feu, toutes fenêtres ouvertes à la brise du Golfe.

Vers 8 heures, Rowan se remit au travail sur le projet de Mayfair Médical : elle avait entrepris une étude comparative entre les grandes chaînes d’hôpitaux « avec but lucratif » et celles « sans but lucratif », qui l’intéressaient bien plus.

Mais elle était d’une humeur vagabonde. Elle n’arrivait pas vraiment à se concentrer sur les questions de pertes et profits et d’effets pervers des différents systèmes.

Finalement, elle prit quelques notes et alla se coucher. Elle resta allongée des heures dans la chambre pendant que Michael travaillait sur les travaux de restauration dans l’autre pièce. Elle écoutait le rugissement du Golfe à travers les portes ouvertes et sentait sur elle la brise caressante.

Qu’allait-elle faire ? Tout raconter à Michael et Aaron, comme elle l’avait promis ? Si elle faisait cela, le spectre ne se montrerait plus, recommencerait probablement ses vilains tours et la tension ne ferait qu’augmenter au fil des jours.

Les mains posées sur son ventre, elle repensa à son bébé. Était-il en train de rêver ? Elle se représenta les minuscules circonvolutions de son cerveau en formation. Ce n’était plus un embryon mais un fœtus, maintenant. Elle ferma les yeux pour écouter, et sentir. D’accord. Puis son fort pouvoir télépathique commença à l’effrayer.

Avait-elle le pouvoir de faire du mal à cet enfant en elle ? Cette pensée terrifiante lui était insupportable. Lorsqu’elle repensa à Lasher, elle sentit qu’il était une menace pour ce petit être fragile puisqu’il en était une pour elle et que le bébé n’avait qu’elle au monde.

Comment pourrait-elle le protéger contre son pouvoir et ce passé sombre qui allaient le prendre au piège ? Chris. Tu ne grandiras pas au milieu des malédictions et des esprits. Elle tenta de libérer son esprit de ces pensées noires en imaginant la mer dehors, les vagues venant mourir inlassablement sur la plage, toutes différentes bien qu’appartenant à la même force, aussi immense que monotone.

Détruire Lasher. Le séduire comme il essaie de te séduire. Découvrir ce qu’il est et le détruire. Tu es la seule à pouvoir le faire. Si tu en parles à Michael ou Aaron, il va se cacher. Tu dois te taire et faire ce que tu as à faire.

 

 

4 heures du matin. Elle avait dû s’endormir. L’homme de sa vie était allongé contre elle, son bras puissant la tenant délicatement et sa main posée sur sa poitrine. Elle venait de refaire son cauchemar terrible avec tous ces Hollandais en grands chapeaux noirs et une foule révoltée qui réclamait le sang de Jan Van Abel.

Elle détestait ce rêve.

Elle se leva, traversa la moquette épaisse et sortit sur la terrasse en bois. Le ciel n’avait jamais été plus vaste et clair et rempli de minuscules étoiles scintillantes. L’écume des vagues noires était d’un blanc pur. Aussi blanc que le sable qui luisait au clair de lune.

Tout en bas, sur la plage, il y avait une silhouette d’homme grand et mince regardant vers elle. Sois maudit. Doucement, la silhouette s’amenuisa puis disparut.

Rowan tremblait, la tête penchée, les mains posées sur la rambarde de bois.

« Tu viendras quand je t’appellerai. »

« Je t’aime, Rowan. »

Horrifiée, elle se rendit compte que la voix ne venait de nulle part. Ce n’était qu’un murmure à l’intérieur d’elle, tout autour d’elle.

« Je t’attends. Rowan. »

— Laisse-moi tranquille. Ne dis plus un mot et ne te montre plus, sinon je ne t’appellerai jamais. »

Furieuse, amère, elle se retourna et rentra dans la chambre. Elle se recoucha auprès de Michael et s’agrippa à lui dans le noir. Elle avait désespérément envie de le réveiller et de tout lui raconter.

Mais elle devait agir seule. Elle le savait. Elle l’avait toujours su.

 

 

Pendant une semaine, elle eut mal au cœur tous les matins, Puis la nausée cessa et les jours qui suivirent furent merveilleux, comme si elle redécouvrait les bonheurs du matin.

L’esprit ne lui parlait pas et ne se montrait plus. Lorsqu’elle pensait à lui, elle imaginait sa colère comme une chaleur desséchante frappant les mystérieuses cellules de sa forme et les asséchant jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Mais, surtout, quand elle pensait à lui elle avait peur.

La vie suivait cependant son cours, puisqu’elle devait garder ce secret pour elle.

Les journées chaudes s’espaçaient et les deux époux avaient la plage pour eux tout seuls. La pureté du silence de cette maison isolée au sommet des dunes était magique. Quand l’air était chaud, elle restait assise pendant des heures sous un énorme parasol à lire des revues médicales et les documents que Ryan lui faisait parvenir par coursier.

Elle lisait aussi les livres sur les enfants qu’elle dénichait dans les librairies locales. Les explications étaient vagues et plutôt sentimentales mais la lecture était distrayante. Surtout les photos de bébés, avec leurs petits visages expressifs, leurs cous potelés et leurs petits pieds et mains à croquer. Elle était impatiente d’annoncer la nouvelle à la famille. Elle parlait au téléphone avec Béatrice pratiquement un jour sur deux. Mais il valait mieux ne rien lui dire encore. S’il y avait un problème et qu’ils étaient au courant, la déception serait terrible pour tout le monde.

Les jours où il faisait trop froid pour se baigner, ils arpentaient la plage pendant des heures. Ils dînaient dans les meilleurs restaurants et exploraient en voiture les pinèdes et les grands complexes sportifs équipés de courts de tennis et de terrains de golf. Mais ils appréciaient par-dessus tout d’être chez eux, avec la mer en bruit de fond.

Michael était inquiet pour ses affaires. Avec une équipe qui travaillait sur la maison d’Annunciation Street et la société qu’il avait montée dans Magazine Street, il avait une foule de petits problèmes à régler par téléphone. Sans compter que les peintres continuaient leur travail à First Street, dans la chambre de Julien, et que les couvreurs terminaient la réparation du toit.

Pour lui, la lune de miel s’éternisait un peu trop, d’autant que Rowan la prolongeait de jour en jour.

Mais il était si prévenant. Il satisfaisait les moindres désirs de sa femme et semblait avoir une capacité sans borne à tirer parti de chaque moment, qu’ils se promènent sur la plage main dans la main, qu’ils prennent un repas rapide dans un restaurant de fruits de mer, qu’ils visitent les bateaux à vendre dans la marina ou qu’ils lisent chacun de son côté dans leur petit coin favori de la maison.

Pour Thanksgiving, ils dînèrent sur la terrasse, la nuit même où une tempête s’abattit sur Destin. Le vent hurlait contre les portes et les fenêtres puis la tempête s’éloigna le long de la côte.

Ils restaient des heures au coin du feu à parler de Chris, de la chambre qu’ils transformeraient en nursery et de l’emploi du temps de Rowan quand elle serait mère. Pas question de délaisser l’enfant au profit du centre médical : elle passerait toutes ses matinées avec lui, irait travailler à midi et bien entendu, ils auraient toute l’aide voulue pour s’occuper de la maison.

Grâce à Dieu, Michael ne demandait jamais si elle avait « vu cet horrible type. » Elle serait bien embarrassée s’il le faisait. Son secret était enfermé dans un coin profond de son esprit et elle avait jeté la clé dans un puits.

Le temps se rafraîchissait. Elle n’aurait bientôt plus aucune excuse pour prolonger leur séjour. Tôt ou tard, il faudrait rentrer.

Pourquoi ne pas tout avouer à Michael et Aaron plutôt que de tout garder pour elle ? Mais plus elle restait à Destin, plus elle se persuadait de n’en rien faire.

Elle voulait parler à l’esprit. Le souvenir qu’elle avait de lui dans la cuisine était empreint d’une attirance pour lui, surtout à cause de la douceur de sa voix. Oui, elle voulait le connaître ! C’était exactement comme Michael l’avait prédit juste après la mort de Carlotta. Qu’était Lasher ? D’où venait-il ? Quels secrets se cachaient sous son visage tragique ? Qu’avait-il à dire sur la porte et les treize sorcières ?

Il lui suffisait de l’appeler. De garder le secret et de prononcer son nom.

Tu n’es qu’une sorcière ! se dit-elle avec un profond sentiment de culpabilité. Tout le monde le sait. Ils le savaient l’après-midi où tu as parlé à Gifford ; ils ont senti le pouvoir qui émanait de toi et que tout le monde prenait avant pour de la froideur. Le vieil homme, Fielding, avait raison de nous mettre en garde. Et Aaron sait, non ? Bien sûr qu’il sait.

Tout le monde sait, sauf Michael. Il est si facile à tromper !

Et si elle décidait de ne plus mentir ? Aurait-elle le courage de prendre cette décision ? Ou peut-être n’en avait-elle pas envie ? Elle faisait attendre le démon comme il l’avait fait attendre.

Quoi qu’il en soit, elle ne ressentait plus d’aversion pour lui, cette haine qui avait suivi l’épisode dans l’avion. Sa colère était toujours là, mais la curiosité et l’attirance ne cessaient de se renforcer…

 

 

Le premier jour vraiment froid, Michael sortit sur la plage et s’assit à côté d’elle. Il devait rentrer.

— Voilà ce qui se passe, expliqua-t-il. Tante Viv veut récupérer ses affaires à San Francisco et personne ne peut fermer la maison de Liberty Street pour moi. J’ai aussi quelques décisions à prendre au sujet de mon ancien magasin. Mon comptable vient de m’appeler pour me dire qu’il avait trouvé un locataire potentiel. Il faut que j’aille faire moi-même l’inventaire.

Et ainsi de suite : vendre un ou deux terrains, expédier certaines choses, louer sa maison et autres détails à régler. En plus, on avait besoin de lui à La Nouvelle-Orléans.

— Je préfère aller à San Francisco tout de suite. On est presque en décembre et Noël n’est plus très loin. Tu comprends, Rowan ?

— Bien sûr. Nous pouvons rentrer ce soir.

— Mais tu n’es pas obligée du tout, chérie. Tu peux très bien rester en Floride jusqu’à mon retour, ou aussi longtemps que tu voudras.

— Non, je viens avec toi. Je monte faire les bagages. De toute façon il commence à faire trop froid ici. Ce matin, quand je suis sortie, c’était glacial.

— Atroce, non ?

— Mais pas aussi froid que l’été en Californie, ajouta-t-elle.

Il partit et elle resta un moment assise sur son transat, la tête appuyée en arrière. Le Golfe était d’une couleur argentée éclatante, comme souvent lorsque le soleil est à son zénith. Elle laissa sa main gauche tomber dans le sable poudreux comme du sucre, en prit une poignée et le laissa couler entre ses doigts.

Mais, après tout, ça tombait très bien qu’ils doivent rentrer. Elle serait seule à First Street. A croire que quelqu’un avait tout arrangé…

— N’en fais pas trop, l’ami, murmura-t-elle dans la brise fraîche. Je ne te pardonnerai jamais si tu t’en prends à mon amour. Veille à ce qu’il me revienne sain et sauf.

Le lien maléfique
titlepage.xhtml
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_046.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_047.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_048.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_049.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_050.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_051.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_052.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_053.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_054.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_055.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_056.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_057.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_058.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_059.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_060.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_061.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_062.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_063.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_064.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_065.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_066.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_067.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_068.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-1]Le lien malefique(The witching Hour)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_069.html